IX
L'ORGUEIL.

Il nous faut revenir en arrière de quelques années et voir ce qui s'était passé chez les hommes du plateau depuis la disparition d'Evenor.

L'aïeul était rentré dans le sein de Dieu après de longs jours dont l'innocence n'avait pas été tout à fait inféconde, puisqu'il avait encouragé les progrès relatifs de sa nombreuse postérité autant qu'il lui était donné de le faire. Après lui, ces progrès furent pourtant plus rapides dans un certain sens, mais ils prirent un caractère dangereux, faute de lumières suffisantes.

Parmi les compagnons d'enfance d'Evenor, Sath, fils d'une des sœurs de sa mère, avait montré une singulière indifférence, et même comme une secrète joie, devant l'événement qui avait jeté le deuil et l'effroi dans la famille. Tandis qu'on cherchait de tous côtés l'enfant disparu, et que la mère désolée faisait retentir les bois et les prairies de ses cris et de ses sanglots, l'adolescent farouche donnait des signes de dédain et affectait de ne pas se mêler aux recherches des autres membres de la tribu.

Sath était plus âgé de quelques années que les autres compagnons d'Evenor, et son développement robuste le faisait paraître plus avancé encore. Sa beauté déjà virile réjouissait les regards, mais son intelligence tardive l'avait longtemps effacé et comme subordonné à l'ascendant d'Evenor et de ses jeunes amis.

Evenor parti, la vanité de Sath se sentait plus à l'aise, car il était vain de sa taille, de sa force et de son habileté dans les exercices du corps. Le contentement de soi-même est une des premières misères humaines que l'on voit se développer dans l'enfance de l'individu, et presque toujours l'engouement prématuré dont il se sent l'objet le jette pour toute sa vie dans ce mal incurable. C'est à ce mal qu'Evenor lui-même eût peut-être succombé sans l'expiation de sa solitude dans l'Éden et sans les sages enseignements de la dive.

Ce que l'on peut observer dans l'enfance de l'individu se remarque aussi dans celle des peuples. L'orgueil et la vanité y suscitent les premiers troubles, et quand les temps d'innocence finissent avec l'abondance des biens de la terre, l'ambition et la cupidité se trouvent tout naturellement engendrées par ces premiers vices, jusque-là inoffensifs en apparence.

La vanité est contagieuse. Nul ne peut se particulariser sans éveiller aussitôt chez les autres le besoin de se particulariser aussi, et de savourer ces douceurs de l'approbation générale qui sont l'émulation des nobles âmes et l'enivrement des esprits faibles.

Evenor, en méritant les préférences de sa famille par de précoces tendances au bien général, avait fait naître l'émulation parmi ceux de son âge. Sath n'avait pas partagé ce sentiment parce qu'il ne l'avait pas compris. Porté à l'individualisme, il n'avait éprouvé que de la jalousie, et quand il se trouva seul doué de certains avantages qui attiraient l'attention sur lui, il les fit valoir avec âpreté. De là naquirent aussitôt chez ses compagnons des instincts de même nature, qui n'attendaient que l'étincelle de l'exemple et du succès pour s'enflammer.

En peu d'années la jeunesse se montra donc plus bruyante, plus active physiquement, plus aventureuse et moins soumise aux parents qu'elle ne l'avait été jusque-là, et les vieillards de la tribu, voyant ou croyant que ce développement des forces et des volontés pouvait devenir dangereux, essayèrent de réclamer sous le nom d'autorité ce qui jusqu'alors avait été connu sous un nom équivalent à celui de confiance. Les adolescents supportèrent avec dépit ce premier frein; mais, dès qu'ils furent en âge de se prononcer, ils le secouèrent, les uns soutenus, les autres blâmés par leurs ascendants au premiers degré, qui voyaient éclore cette indépendance de l'esprit avec crainte ou avec plaisir, selon leurs tendances particulières. La vieillesse se trouva donc forcée de transiger, et, en l'absence de règles fixes dont on n'avait pas encore l'idée, on commença à vivre dans une sorte d'agitation et de méfiance.

Un instinct naturel ramenait cependant la plupart des jeunes gens à la soumission envers les parents; mais cet instinct, à peu près nul chez Sath, s'affaiblissait devant les suggestions de l'amour-propre, et les natures irrésolues tendirent bientôt à se rapprocher de lui et à s'abriter sous le succès de son initiative.

Des luttes de force et d'adresse furent instituées sous le nom de jeux. Nées du hasard, ces luttes devinrent une passion aussi vive chez ceux qui en avaient le spectacle que chez ceux qui y prenaient part. D'abord on lutta contre des forces inertes, contre des objets résistants, contre des fardeaux; mais on en vint à lutter contre des animaux, Sath ayant eu l'audace de dompter un cheval et la vigueur de terrasser et de lier un bœuf furieux. Les anciens virent avec plaisir cette conquête de l'homme sur l'animal destiné à son service; et bien que l'avantage de cette conquête ne fût pas encore démontré, ils se sentirent portés à y applaudir comme à une chose neuve et imposante.

Mais le développement de la force et du courage devait ébranler le règne de la douceur, et bientôt les jeunes gens, dédaignant de lutter contre la matière ou contre la brute, s'essayèrent à lutter Les uns contre les autres. Ce furent les premiers combats, simulés, il est vrai, mais où s'essaya l'empire de la violence, et où s'allumèrent les premières étincelles de l'inimitié.

Tandis que les jeunes garçons marchaient ainsi vers un nouvel état de choses, la jeunesse de l'autre sexe, prise du même vertige, s'essayait aux luttes de la vanité féminine. Les belles filles de la tribu commençaient à se distinguer de leurs compagnes moins hardies ou moins favorisées de la nature. Elles imaginèrent de tresser leurs cheveux, de ceindre leur taille et d'orner leurs bras et leurs jambes de coquillages, de fleurs, de baies vermeilles ou de graines noires pour rehausser leur blancheur. Elles brodèrent de crins et de plumes leurs tuniques et leurs sandales, et, au lieu d'aider leurs mères dans le soin des jeunes enfants, on les vit courir de tous côtés pour chercher, parmi ces futiles objets de leur convoitise ingénue, les échantillons les plus beaux ou les plus rares. Ainsi parées, elles quêtaient les regards des hommes, et, dans le spectacle des jeux, auquel accouraient avec empressement leurs troupes bruyantes et folâtres, elles se disputaient les places en évidence et s'étudiaient avec une grâce sauvage à s'éclipser les unes les autres.

Ainsi naissaient chez les deux sexes des instincts de perfectionnement extérieur dont le but mal compris, la gloire pour l'un, le charme pour l'autre, menaçait de faire fausse route et de devenir la brutalité du courage et l'effronterie de la séduction.

Avec ces instincts s'éveillait aussi celui d'une certaine âpreté à la possession de choses qui, jusque-là, n'avaient pas été prisées, il est vrai, mais qui, du moins, n'avaient jamais été disputées. Le bien et le mal arrivaient ensemble, car le progrès amenait fatalement le mal chez des êtres dont aucun idéal supérieur à leur propre milieu n'avait encore modifié les facultés. On commençait à se quereller pour une toison plus blanche qu'une autre, pour un rosier plus tôt fleuri, pour un cheval plus vigoureux, et même pour un emplacement plus favorable à la construction d'une cabane.

Cependant la terre était encore mille fois trop grande pour l'homme, et généreuse au delà de ses vrais besoins; mais une inquiétude étrange la faisait déjà trouver trop petite et trop avare. Ses dons acquéraient une valeur fictive, parce que le goût, en s'éveillant, créait le sens du choix. Le discernement y gagnait, sans doute, mais l'esprit de fraternité y perdait, et, en emportant la barbarie, la civilisation naissante emportait le bonheur.

Un jour, Sath se disputa avec un de ses compagnons pour une brebis que celui-ci avait prise au pâturage commun, et dont la laine fine et abondante le tentait.

—Je la voulais, dit Sath, et je l'avais marquée pour moi.

—Qu'importe! répondit l'autre. Il y en a beaucoup d'aussi belles que tu peux prendre sans que je m'y oppose.

—Mais celle-là, je te dis que je la voulais, reprit Sath, et il me la faut. Elle est à moi, puisque je l'ai marquée. Tu vois le nœud que j'ai fait sur son front avec sa laine. Ne dis plus rien, et laisse-la-moi.

Le jeune homme, qui était grand et fort presque autant que Sath, sourit de ce prétendu droit, et haussant les épaules, voulut prendre la brebis pour l'emporter; mais Sath le suivit avec des menaces.

—Prendrons-nous la peine de lutter de nos corps pour une brebis? dit le jeune homme.

—Non! dit Sath en colère, car je te briserais; mais je m'en repentirais ensuite, parce que tu m'as souvent cédé. Que la brebis ne nous fâche donc plus, et qu'elle ne soit à aucun de nous deux.

Disant ainsi, Sath assomma le pauvre animal d'un coup de sa massue.

La querelle fut terminée, car le jeune homme trouva que c'était là une mauvaise action, et il se retira, effrayé de se sentir violemment irrité lui-même contre son semblable. Sath resta ému et agité; il regardait la brebis expirante, étonné de ce qu'il avait fait; et d'abord il songea à cacher la victime pour cacher sa faute. C'était le premier meurtre commis sur la terre, et tandis qu'Evenor, dans l'Éden, accomplissait un sacrifice de ce genre, mais après délibération et en vue d'une nécessité qui lui coûtait presque des larmes, Sath avait à rougir d'une violence inutile et qu'il ne pouvait motiver par aucun droit. Cependant son dur naturel triompha de sa conscience, et chargeant la victime sanglante sur ses épaules, il l'emporta pour la dépouiller, disant à ceux qu'il rencontrait et qui s'étonnaient de son action: «Ce qui est choisi par moi est à moi, et je le veux ainsi.»

Tous le blâmèrent, mais il y en eut plusieurs qui ne tardèrent pas à l'imiter. Ainsi fut imposé et accepté le faux droit basé sur la force.

Alors les parents s'affligèrent et dirent:

—Ceci est la fin du monde. Voilà les hommes déjà vieux et corrompus. On ne verra plus jamais de gens heureux, et la méchanceté devient chaque jour si grande, que bientôt nos enfants se tueront les uns les autres. Alors la terre retournera à ceux qui l'avaient avant nous et qui ne sont peut-être pas si loin qu'on le pense.

Mais la jeunesse orgueilleuse répondait à ces menaces:

—S'il existe d'autres maîtres que nous sur la terre, il est bon que nous ayons appris à combattre, car cette terre nous plaît, et nous n'y voulons pas souffrir une autre race que la nôtre.

Et comme ces désaccords allaient en augmentant, il se forma dans la tribu comme une tribu nouvelle qui se composait du plus grand nombre des vierges des deux sexes, et que Sath gouvernait par sa résolution et sa présomption expansive. Ce parti fut appelé les Nouveaux hommes, lesquels, s'étant réunis à diverses reprises dans les bois environnants, projetèrent de s'éloigner des parents, qu'ils appelaient les Anciens hommes, et d'aller former un établissement à une assez grande distance pour n'être plus importunés de remontrances et de prédictions sinistres. Comme ils craignaient des reproches et des larmes, ils convinrent de partir dans la nuit, et, en effet, un matin, quand on s'éveilla dans la tribu, on vit au loin, dans les profondeurs de la plaine, une longue caravane qui se dessinait comme un serpent noir sur les ondulations de la prairie blanche de rosée. C'était la jeunesse qui s'en allait fonder une autre ville, et qui emmenait une grande partie des animaux dont elle avait appris à se faire obéir, et beaucoup de vases, de vêtements et d'ustensiles en vue d'une colonie indépendante de l'assistance des parents.

La douleur des parents fut grande; mais que pouvaient-ils contre la liberté? Il n'était encore jamais entré dans l'esprit d'aucun homme qu'on pût enchaîner par la force la volonté d'un autre homme.

Cependant les hommes nouveaux n'allèrent pas loin sans trouver des obstacles. Ils savaient qu'au delà des premières forêts ils devaient rencontrer un large fleuve, et ils n'avaient pas songé à le franchir; mais quand ils l'eurent atteint, ils trouvèrent ses bords dévastés sur une vaste étendue par des traces d'inondation périodique, et ils jugèrent qu'il fallait s'en éloigner beaucoup pour n'en avoir rien à craindre. Si l'on restait en deçà, on demeurait exposé aux invectives ou aux importunités de la tribu mère, dont on n'était séparé que par deux jours de marche. On campa sur un terrain aride et sablonneux où les jeunes filles commencèrent à s'attrister. Le lendemain, on remonta le rivage, puis on le redescendit dans l'espoir de trouver un endroit guéable, et on ne trouva que des flots rapides sur un lit profond. Alors les filles vierges, effrayées de l'audace de Sath, qui voulait tenter le passage, parlèrent de retourner vers leurs familles et d'abandonner l'entreprise. Mais Sath, parlant en maître au nom de ses compagnons, leur déclara qu'elles n'étaient pas libres de s'en aller et qu'ils s'y opposeraient.

Ce langage déplut aux plus fières, et comme on était à la fin de la troisième journée de voyage, et que l'on avait fixé le passage au lendemain, elles profitèrent du sommeil de leurs rudes compagnons pour s'enfuir et retourner dans leurs familles.

Mais beaucoup demeurèrent, se disant les unes aux autres: «Ces garçons nos frères sont impérieux et méchants; mais si nous les quittons, nous n'aurons point d'époux. Ceux qui sont restés avec les anciens sont en trop petit nombre, et il vaut encore mieux nous quereller avec ceux d'ici que de vivre seules et délaissées.»

Le lendemain, on tenta le passage. Sath donna l'exemple et s'avança le premier dans les flots. Mais, au lieu de trouver, comme Evenor dans le lac de l'Éden, l'inspiration de la confiance et la révélation de l'instinct, Sath ne trouva aucun secours dans son audace et dans son amour-propre. Il n'avait rien raisonné d'avance et faillit être englouti. A force de se débattre avec rage, il regagna la rive; mais, outre qu'il ne trouva personne disposé à le suivre, il n'osa tenter l'abîme une seconde fois. Honteux et mécontent d'avoir échoué, il guida sa troupe encore un jour le long du fleuve en le redescendant, et trouva enfin un endroit favorable; néanmoins, quand on fut au milieu du courant, les jeunes filles eurent un moment de vertige et de terreur où elles se crurent perdues et faillirent entraîner leurs compagnons; et lorsqu'elles furent apportées au rivage, elles ne purent s'empêcher d'admirer et d'aimer ces hardis protecteurs qui les avaient arrachées à la mort en s'y exposant eux-mêmes avec une énergie furieuse.

On marcha encore un peu, et, après qu'on eut passé une longue coulée de blocs granitiques qui s'arrondissaient en dômes énormes à fleur de terre, on découvrit la mer. Elle était couverte de brume, et on se crut arrivé aux confins du monde. Alors Sath s'écria:

—Il faut s'arrêter où la terre finit. Bâtissons ici une ville qui s'appellera Porte du Ciel, puisqu'il n'y a plus devant nous que des nuages.

Pourtant, lorsque le brouillard se dissipa, on comprit que c'était là l'abîme de l'eau, et une grande frayeur s'emparant de cette jeunesse sauvage, on s'éloigna de la rive avec de grands cris mêlés de rires convulsifs. On serait retourné jusqu'au fleuve, si Sath n'eût réussi à retenir son peuple par une ruse ingénue.

—Souvenez-vous, leur dit-il, que ce fleuve est perfide, et que ses bords, couverts de roches et de graviers, ne produisent que des joncs et des roseaux dont les animaux eux-mêmes ne se nourrissent point. Si vous voulez le franchir encore, je suis prêt à m'y jeter encore pour vous montrer que ce n'est pas la crainte qui me retient. Mais ces femmes nous suivront-elles, et quelques-uns d'entre nous, qui ont failli y périr, n'aimeront-ils pas mieux demeurer ici avec elles?

Les femmes ayant dit que rien ne les déciderait à repasser le fleuve, tous les hommes prirent le parti de rester dans cette région boisée, entre le fleuve et la mer, bien que la côte fût mal protégée contre le vent et que la terre s'y montrât médiocrement fertile. Mais il y avait des arbres pour bâtir et beaucoup de gibier, que l'on commença à chasser et à manger, car les fruits et les grains étaient rares. Les femmes eurent de la peine à s'y décider; mais peu à peu elles devinrent aussi ardentes à la chasse et aussi avides de butin que les hommes, car la famine menaçait, et les privations du corps commençaient à endurcir le cœur.

Le climat étant plus inégal dans cette région que dans celle où l'on avait laissé la tribu mère, on se hâta de bâtir les cabanes, et il résulta de cette hâte qu'elles furent grossièrement agencées, basses, étroites, et comme soudées les unes aux autres pour épargner du temps et du travail.

Or, quand cette colonie se fut assuré le vivre et le couvert, les hommes songèrent à l'amour, et ceux qui se hâtèrent de prendre femme se trouvèrent pourvus. Ce furent les plus avancés en âge, et il resta un grand nombre des plus jeunes qui se virent condamnés au célibat à cause de la fuite des filles retournées dans leurs familles avant le passage du fleuve.

Cela devint promptement une cause d'envie et de discorde. Les aînés dédaignèrent les plaintes des mécontents et leur dirent:

—Si vous voulez des femmes, allez en chercher dans l'ancienne tribu, ou bien il vous faudra attendre que nous ayons des filles en âge de vous épouser.

Une tentative de réconciliation avec les anciens, ou tout au moins avec les filles que l'on avait offensées, fut donc résolue; mais de grandes pluies vinrent, et le fleuve fut tellement gonflé, que le passage devint impossible. Le mécontentement et la colère ne sont pas des circonstances favorables aux créations de l'industrie. On ne songea pas à inventer le moyen de dompter le fleuve, et les jours se passèrent en plaintes et en reproches. Au sein de la tribu nouvelle une division nouvelle s'établit donc de prime abord, et les mariés raillèrent et dédaignèrent les non mariés qui étaient les moins forts et les moins nombreux.

Cette division d'intérêt et ce manque d'égalité dans les jouissances de la vie devaient amener promptement le mal sur la terre. En toutes choses, les aînés se crurent autorisés à opprimer leurs frères, et ceux-ci, frustrés et offensés en toutes choses, résolurent de se venger. Plusieurs femmes, mécontentes de la rudesse chagrine de leurs époux, se liguèrent contre eux. Ces hommes, nourris de viande et adonnés à la guerre contre les animaux, étaient devenus farouches et colériques. Le désordre s'introduisit dans les mœurs, des femmes trompèrent leurs époux, d'autres les quittèrent résolument et furent reconquises par eux après des combats partiels où coula le sang des hommes, versé pour la première fois par les hommes. Les plus jeunes furent vaincus. Cependant, on ne s'était pas encore donné la mort; mais on ne tarda pas à se dire qu'il faudrait en venir là, et les plus faibles rêvèrent la trahison et l'assassinat, tandis que les plus forts s'habituaient à regarder la violence et le meurtre comme des droits acquis et des menaces légitimes.